théâtre

Cadavre Encerclé

La Cie des Saty(i)res

Texte Kateb Yacine
Mise en scène Abd Hakim Medkour

Mettre en scène l’oeuvre de Kateb Yacine est un véritable défi que j’ai envie de relever d’une part parce qu’à ma connaissance elle n’a jamais été montée dans son intégralité et pourtant les quatre parties me semblent très complémentaires les unes aux autres. Mais la véritable difficulté c’est de parvenir à traduire au spectateur le plus clairement et le plus fidèlement possible cette écriture poétique très complexe qu’adopte l’auteur en débutant par « Le Cadavre Encerclé », une pièce chargée d’histoire notamment dans sa difficulté à être représentée au début.
Le deuxième enjeu c’est de partir de ce texte qui nous parle de l’Algérie en pleine guerre d’indépendance et de mettre enexergue un message universel que l’Algérie porte très bien,et qui fait aussi partie intégrante de l’Histoire de France, la résistance.
C’est pour moi la manière de rendre un hommage à l’auteur que j’admire beaucoup pour ses talents d’écriture et son parcours de résistant mais aussi un hommage à l’Algérie, un pays que j’affectionne énormément parce
qu’il fait partie de mon histoire et j’y attache beaucoup d’importance. A travers ce projet, je veux mettre l’Afrique à l’honneur qui n’est malheureusement que trop rarement représentée dans nos théâtres et qui regorge pourtant devéritables trésors littéraires et de grands combats politiques qui ont pu et qui sont toujours menés, mais dont on a malheureusement rarement connaissance : celui-ci n’en étant qu’un exemple.
Et puis c’est aussi une manière de manifester mon indignation sur la situation politique de l’Algérie aujourd’hui qui ne peut exercer librement sa démocratie et qui est soumise à un pouvoir militaire totalitaire. J’aimerais que mon pays soit enfin en mesure de briser ses chaînes ! C’est un combat acharné qu’a mené Kateb Yacine dans ses romans, sa poésie et son théâtre pour libérer l’Algérie de l’occupation française, puis du terrorisme qui a commencé à sévir un peu avant sa mort… Il continue de le faire aujourd’hui, à travers ses oeuvres dont j’aimerais m’en faire le passeur et transmettre ce que j’ai pu y découvrir. Aujourd’hui l’Algérie doit faire face à un pouvoir militaire qui s’est emparé du pays depuis son indépendance, qui ne laisse pas s’exprimer son peuple et qui étouffe sa jeunesse. Mais l’Algérie ne se limite pas à ça et les récentes manifestations dans tout le pays qui ont rayonné à travers le monde nous ont montré que les algériens n’avaient pas dit leur dernier mot et qu’il en fallait davantage pour les décourager et les faire taire. En effet, la jeunesse algérienne a su prendre les devants et faire entendre sa voix pour espérer enfin une « Algérie libre de toute domination ».
Je veux essayer de redonner une visibilité à un des plus grands écrivains de la littérature maghrébine contemporaine, tout en y mêlant ma vision de ce pays : un pays chaleureux, accueillant, rebelle, féministe et foncièrement destiné à être libre ! Kateb Yacine trône dans notre bibliothèque, c’est ma culture il est aux côtés d’autres grands auteurs algériens comme Mouloud Mammeri, Kamel Daoud, Boualem Sansal ou encore Kaouther Adimi eux même parmi Beauvoir, Camus, ou encore Ahmadou Kourouma et Birago Diop. J’ai envie de montrer l’Algérie telle que je la connais moi, et telle que ma famille la connaît, cosmopolite et savante. Dans une famille de femmes fortes qui, à travers les générations, ont toutes à leur manière lutter contre un système défaillant.C’est aussi pour moi l’occasion de leur rendre hommage à elles. Une Algérie qui rayonne pour moi grâce à ces femmes.

Avec le soutien du Théâtre L’Échangeur, Collectif 12, Le Tangram, Les Réseaux Actes If