Édito 2022/2023
« On ne vous a pas demandé de faire ce que vous faites ».
C’est par cette petite phrase, souvent entendue au fil des ans, que nombre de nos interlocuteurs institutionnels et politiques nous rappellent – quand nous sollicitons des moyens plus en rapport avec la réalité des activités déployées au sein de L’Échangeur – la logique première à partir de laquelle se décide et s’organise l’intervention publique : ce qui n’est pas demandé ne saurait être considéré au même titre que ce qui est demandé.
Disons-le sans détour, cette logique qui renvoie de fait à la marge (ou au marché !) toute initiative qui ne serait pas commandée par les autorités politiques ou institutionnelles, nous semble mériter d’être sérieusement questionnée.
À L’Échangeur, c’est une réalité, « on » ne nous a pas demandé de faire ce que nous faisons ; et pour être plus précis « on » ne nous a même rien demandé du tout. Et si nous avions attendu qu’ « on » nous demande quelque chose, il n’y aurait rien à cet endroit là qui ressemble de près ou de loin à ce qui s’y fait aujourd’hui et s’y est fait depuis 27 ans.
Ce qui importe, nous semble-t-il – et qui relève de la responsabilité du politique et de ses institutions – ça n’est pas tant de savoir qui a demandé quoi à qui, mais est-ce que ce qui se fait répond à des besoins et est-ce que ces besoins méritent d’être pris en compte ?
En accueillant chaque année au sein de ses 5 espaces plus de cent équipes et associations qui participent de la vitalité artistique et culturelle d’un territoire en souffrance, le Théâtre L’Échangeur assume de fait des missions de service public¹ sans que les moyens minimums pour le faire lui soient accordés.
Il appartient au politique et à ses institutions de veiller à l’utilisation de l’argent public à des fins d’intérêt collectif, mais il nous appartient à toutes et tous, de ne pas les laisser décider seuls de ce qu’est l’intérêt collectif et des formes de sa mise en œuvre.
N.B: Nous débattrons de ce sujet à l’occasion de la première « Rencontre des Communaux » le 29 septembre à 19h.
Régis HEBETTE
¹ Voir à ce sujet la rubrique « Un lieu ressource »