edito-2024-2025

Au regard de ce qui se trame, ici et ailleurs, rendre compte à travers un éditorial de saison de la situation de L’Échangeur et de celles et ceux qui y œuvrent apparaît pour le moins délicat, sinon dérisoire.
Nos difficultés – et la perspective d’une cessation possible de nos activités à courte échéance – relèvent en effet de l’insignifiant si on les compare, par exemple, à la menace d’une guerre vers laquelle certains semblent vouloir nous conduire.

Comment évoquer la première de ces deux eventualités quand la seconde plane sur nos têtes ? Et comment ne pas évoquer la seconde quand elle n’est rien moins que la cause de la première ?
Car c’est bien l’effet conjugué de l’explosion des coûts énergétiques et de la diminution des financements de l’État (orientés semble-t-il vers d’autres ambitions) qui met aujourd’hui L’Échangeur en péril.
Ces deux effets collatéraux d’une situation internationale pour le moins chaotique creusent à L’Échangeur un déficit annuel de près de 50 000 €. Pour ne rien dire des conséquences de l’inflation.

Pour tenter de remédier à cette situation d’urgence, L’Échangeur a pris dès 2023 des mesures drastiques : il a sensiblement réduit une masse salariale qui était pourtant loin de correspondre aux besoins du projet (elle est aujourd’hui inférieure à ce qu’elle était il y a 10 ans) et il loge au sein de ses espaces plusieurs équipes artistiques qui prennent en charge le coût des locaux qu’elles occupent; les moyens alloués à l’activité de création de la Cie Public Chéri qui a créé le lieu et le conduit depuis 30 ans ont été ramenés à 3% des financements attribués à L’Échangeur - Cie Public Chéri et la taille de notre plaquette de saison dit assez que tout ce qui pouvait être réduit l’a été…

Mais cela ne suffit pas et ne suffira pas à permettre l’équilibre économique de la structure dans les mois à venir. Comme des millions de nos concitoyens, des milliers de PME ou d’équipes artistiques, L’Échangeur est sous le coup de forces et d’enjeux qui le dépassent et sur lesquels il ne sait pas agir.

Nous continuons à nous battre au quotidien et nous continuerons à le faire pour que vive un projet qui nous paraît relever de l’intérêt collectif et que nous pensions durable. Il nous faut reconnaitre aujourd’hui que nous ne sommes plus du tout certains d’y parvenir.

Nous vous invitons à prendre le temps de lire ce qui s’énonce dans notre plaquette de saison et à venir découvrir ce qui se joue à L’Échangeur, votre présence est notre meilleur soutien.

Régis HEBETTE