«Ici est la rue des Vandales. C’est une rue d’Alger ou de Constantine, de Sétif ou de Guelma, de Tunis ou de Casablanca.»

L’ouverture de la pièce évoque la manifestation du 8 mai 1945, réprimée dans le sang par les troupes françaises dans des villes d’Algérie. Kateb Yacine, alors jeune homme de 16 ans, était de ces Algériens aspirant à l’indépendance présents à Sétif.
Il est arrêté et emprisonné, « tout est parti de là » dira-t-il, « de la prison et de l’amour ».

Le Cadavre encerclé suit le destin de Lakhdar, qui aspire, avec ses camarades, à libérer un peuple meurtri et des ancêtres qui réclament leur dû. Il leur sacrifiera son amour pour Nedjma et sa vie.

Arnaud Churin et ses complices abordent la pièce comme on reconstitue des ruines, faisant revivre ses fantômes et construisant, à vue, un univers visuel et musical à l’écoute des soubresauts de la plume de Kateb Yacine. Car enfin, les enfants de ceux qui ont fait cette histoire tumultueuse peuvent en percevoir les arrière-plans et les recoins et prendre, après coup, la mesure de la stupéfiante lucidité du poète.